L'ALLAITEMENT ET LES SUBSTITUTS DU LAIT MATERNEL EN FRANCE

 

 

I. ALLAITEMENT: DONNEES, RECOMMANDATIONS INTERNATIONALES, IMAGE MEDIATIQUE .

 

A. DONNEES:TAUX D'ALLAITEMENT

Voir nos chiffres récents (Certificats 8ème jour 1997) et comparaison rapports Inserm 1981/1995.


REPARTITION DES TAUX D'ALLAITEMENT EN FRANCE METROPOLITAINE EN 1993.

(D'après les Certificats de Santé du 8ème jour).

On peut trouver des chiffres dans l'exploitation par départements des certificats du 8ème jour. Un bilan au 9ème mois a été ajouté récemment sur les certificats de santé mais n'est pas encore exploitable..

Les taux les plus bas se situent aux environs de 15% (Guyane), les taux maximum atteignent 80% (Martinique). En France métropolitaine, on constate une disparité entre les régions, la zone ouest ayant des taux d'allaitement moindres.

La moyenne nationale d'allaitement à 8 jours, mixte compris, oscille depuis plusieurs années entre 40 et 50 %. Elle serait pour 1995 aux alentours de 43%.


B. RECOMMANDATIONS INTERNATIONALES: L'INITIATIVE HOPITAUX AMIS DES BEBES

LA PROGRESSION DE L'INITIATIVE HOPITAUX AMIS DES BEBES EN EUROPE.

Sur la lancée de la "Déclaration d'Innocenti", en 1990, l'UNICEF a créé en juin 1991 avec l'OMS un label "Hôpitaux Amis des Bébés" pour les établissements de santé qui respectent les "10 conditions pour le succès de l'allaitement maternel".

En 1996, plus de 7000 hôpitaux de par le monde avaient déjà obtenu ce label dont 218 en Europe.

Il n'y en a toujours aucun en France (1998).


ETAT DES DONNEES HOPITAUX AMIS DES BEBES AU 31 JUILLET 1995

FRANCE:

Hôpitaux ciblés: données non disponibles

Hôpitaux Amis des bébés: 0 (zéro)

Pourcentage des hôpitaux ciblés devenus HAB: -

Action du gouvernement pour faire cesser les fournitures gratuites ou à bas prix: Directive Européenne seulement

Autorité Ami des Bébés ou équivalent: Oui


PAYS INDUSTRIALISES:

Hôpitaux ciblés: 178

Hôpitaux Amis des bébés: 89

Pourcentage des hôpitaux ciblés devenus HAB: 50%


ETAT GLOBAL:

Hôpitaux ciblés: 8650

Hôpitaux Amis des bébés: 4000

Pourcentage des hôpitaux ciblés devenus HAB: 46%

C. IMAGE DE MARQUE: L'INFORMATION AUX MERES

 

1. PUBLICATIONS INSTITUTIONNELLES

Le contenu des publications institutionnelles (Carnet de maternité, Carnet de Santé), est pauvre en informations sur l'allaitement maternel.

Alors que le Code. (Article 4.2). recommande plutôt de "mettre en garde sur la difficulté de revenir sur la décision de ne pas allaiter ", les documents institutionnelles insistent plutôt sur la "nécessité".(non expliquée) d'un choix précoce du mode d'alimentation (sein ou biberon) par la mère, avant même la naissance de son enfant.

Les explications scientifiques sur les qualités du lait maternel et le fonctionnement de la lactation sont absentes de ces supports.


2. PRESSE, BROCHURES, MEDIAS

LES COMMENTAIRES SONT ASSOCIES A L'IMAGE POUR INFLECHIR LE SENS ET DONNENT SOUVENT UNE IMAGE POSITIVE DU BIBERON ET UNE IMAGE NEGATIVE DE L' ALLAITEMENT

Dans les parties rédactionnelles, l'information sur l'allaitement est souvent incomplète ou confuse et ne donne pas l'accès à une pratique efficace.

Une mère voir défiler environs 8,5 fois plus de représentations de biberons ou d'aliments infantiles que de représentations d'allaitements.

La moyenne des illustrations de biberons et produits industriels est d'environs 13,6 représentations (rédactionnel et pub confondus) alors qu'on ne voit même pas 2 représentations d'allaitement par numéro (1,61).

Des articles de presse mais aussi des campagnes d'ONG sur le thème de l'humanitaire n'hésitent pas à présenter des légendes et des textes souvent sans rapport avec des photos de femmes allaitantes (la plupart du temps des femmes du Tiers-Monde) pour inspirer la pitié et provoquer des dons.


 

Vous aussi, participez à l'enquête sur la situation de l'allaitement en France et l'état d'application du Code.

Contactez : Pascale Walter

@p@stras en une page

 

 Le rapport complet (100 pages env.) peut être commandé (frais: 65F) à :

Pascale Walter
BP. 42
67044 STRASBOURG CEDEX

FRANCE

 

 

 

 

L'enquête d'une O.N.G

Cette enquête a été entamée en France en 1994 dans le cadre d'un projet de suivi permanent du Code initié par le réseau IBFAN (International Baby Food Action Network, Réseau International d'Action pour la Nutrition Infantile)est destinée à évaluer régulièrement (tous les 2 ans environ) les pratiques en matière de nutrition infantile en France.

Elle examine l'état d'application en France du Code de Commercialisation des Substituts du Lait Maternel (OMS/UNICEF 1981) ainsi que des recommandations internationales sur la protection, le soutien et l'encouragement de l'allaitement maternel (programmes UNICEF, déclarations OMS).

Elle a été menée par Pascale Walter, dans l' association Action pour l'Allaitement, basée à Strasbourg et regroupant des professionnels de santé et des mères soucieux d'encourager, promouvoir et protéger l'allaitement maternel.

Nous vous présentons ici les traits saillants del'enquête menée entre 1994 et 1996 .


 

 

 

 

II. SUBSTITUTS DU LAIT MATERNEL: DONNEES, LEGISLATION, PRATIQUES DE COMMERCIALISATION

 

A. DONNEES: MARCHE DE L'ALIMENTATION INFANTILE

  • Diététique infantile: 3,2 milliards de francs an 1993.
  • Progression: + 10,3 % en 1992, +5,6% en 1993.
  • Laits infantiles: 1,33 milliards de francs en 1992, 17070 tonnes.
  • 1,2 milliards de francs en 1993.
  • Nestlé + BLEDINA (DANONE): plus de 60% du marché des laits infantiles.


B. LEGISLATION.

LA LOI DU 3 JUIN 1994.

La France a transcrit la Directive Européenne de mai 1992 par:

 

  • - l'arrêté du 11 janvier 1994 sur la composition et l'étiquetage des substituts du lait maternel qui proscrit notamment les appellations "maternisé" et "humanisé".
  • - la loi du 4 juin 1994 interdisant la publicité pour les laits pour nourrissons.
  • - Le Décret d'application n'est pas encore paru (1998).


C. LES PRATIQUES DE COMMERCIALISATION DES SUBSTITUTS:

 

1. LES CADEAUX

De nombreuses promotions pour les substituts ont lieu dans les établissements de santé (maternités, PMI, crèches, cabinets de médecins).

Don de brochures, dépliants, stocks gratuits de substituts, échantillons de divers produits visés par le Code (aliments pour enfants de moins de 6 mois), colis à distribuer aux mères, achats de prescription (contre sommes d'argent, matériel, comptes privés dans des agences de voyage,équipement personnel), fourniture gratuite en substituts pour la famille du profesionnels, cadeaux divers (stylos, affiches, arbres, etc..), création de liens affectifs (gâteaux, confiseries, cocktails, repas), financement de documents, conférences, opérations de type "humanitaire" ou culturel, etc.....

 

A. TOURS DE LAIT

LE SECRET DES "TOURS DE LAIT"

Les firmes de lait paient des sommes variables (plusieurs centaines de francs par bébé) à des associations internes à l'hôpital afin que leur marque soit prescrite. Elles offrent également des stocks de lait gratuit ou à des prix dérisoires, ainsi que des échantillons pour les mères à leur sortie de la maternité.

La pratique des "tours de lait" a été avérée par plusieurs sources concordantes:

- le rapport 87 A du Conseil de la Concurrence et le rapport en cours.

- les investigations journalistiques (Dossiers de l'Obstétrique, avril 1994, Le Parisien)

- notre enquête IBFAN dans plusieurs dizaines de maternités en France en 1994. Selon ces sources, la quasi-totalité des établissements pratiquait les tours de laits.

 


 

B. BIBERONS, TETINES, EAUX

LES CADEAUX DE BIBERONS SONT AUSSI UNE INFRACTION AU CODE.

De nombreux cas d'infraction au Code. Rémond fait offrir des biberons et des tétines aux mères dans les maternités avec la mention "Cadeau offert gracieusement par votre maternité". Le Centre National de l'Enfance offre un biberon gratuit dans son colis publicitaire. "Le panier de bébé". Les 3 Suisses, Dodie/ Valvert proposent des biberons gratuits par correspondance..

Volvic, Valvert, Evian, promotionnent largement le biberon, alors que les mères qui allaitent boivent plus d'eau que les bébés au biberon.

 


C. EXPORTATION

DE NOMBREUSES FIRMES BASEES EN FRANCE FONT DES EXPORTATIONS DE SUBSTITUTS SANS RESPECTER LE CODE DANS LES PAYS TIERS Un exemple entr'autres: en 1995, une firme inconnue en France commercialise agressivement au Cambodge et au Laos un lait infantile appelé "France Bébé".

Des pleines pages de publicité dans la quotidien "Le Mékong" mettent en valeur le côté français et européen avec ses clichés (le nom "France Bébé", une illustration de Tour Eiffel sur la boîte, un sigle avec la carte de l'Europe et la mention "produit européen"). Un calendrier pour professionnels de santé montre une maman élégante avec un bébé blond dans une cuisine intégrée.

Au Cambodge, les conséquences sont dramatiques. 110 enfants sur 1000 meurent en bas âge., dont beaucoup des conséquences de diarrhées, plus fréquentes et plus graves en cas d'alimentation artificielle. Nos correspondants nous ont envoyé plusieurs clichés montrant des bébés nourris au lait artificiel. dans un état sévère.


 

INFOS

 

A. DOCUMENTS POUR PROFESSIONNELS

DANS LES DOCUMENTS POUR PROFESSIONNELS, LE LAIT MATERNEL SERT SURTOUT A METTRE EN VALEUR LES SUBSTITUTS.

Les documents pour professionnels contiennent des informations scientifiques très intéressantes sur l'allaitement maternel. Mais cette information n'est destinée qu'à mettre en valeur l'amélioration des substituts. 60 Millions de Consommateurs, par exemple, décrit certains laits artificiels comme "plus proches du lait maternel", d'autres comme "plus proche du lait de vache".

 


 

B. CULTURE

L'INDUSTRIE LAITIERE A INVESTI LE DOMAINE CULTUREL

En France, il s'est implanté une véritable culture animée et financée par l'industrie laitière. Des organismes spécialement affectés à la promotion des produits laitiers industriels (comme le CIDIL) proposent et obtiennent des partenariats dans des domaines culturels traditionnellement autonomes comme l'édition, notamment (Gallimard, Autrement, CNDP, La Vie).