IBFAN, lauréat 1998 du Rightlivelihood Award, le " Prix Nobel alternatif "

 Le 9 décembre 1998, un jour avant la remise des prix Nobel, a eulieu au Parlement de Stockholm la remise du Rightlivelihood Award. Choisis par un jury international parmi plus de 100 candidats, les lauréats 1998 sont:

 

Un prix pour construire la paix, la santé et pour faire passer les gens avant le profit.

Le Rightlivelihood Award, créé en 1980, est destiné à rendre hommage et soutenir ceux qui apportent des réponses pratiques et exemplaires aux défis les plus urgents auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui. L’ idée est venue de Jacob van Uexkull, un expert en philatélie germano-suédois qui a vendu sa précieuse collection de timbres pour apporter la première mise de fonds. Alfred Nobel voulait rendre hommage à ceux dont le travail " apportait le plus grand bénéfice à l’humanité ". Von Uexkull trouvait que les Prix Nobel aujourd’hui ignoraient beaucoup de travaux et de savoirs vitaux pour le futur de l’humanité.

Le prix est d’environ 1 800 000 Couronnes suédoises (env. 230 000 USD)

 

 

Rightlivelihood présente IBFAN :

(Texte original en anglais sur : http://www.rightlivelihood.se/1998_1.html)

Le nom " International Baby Food Action Network " (IBFAN) a été adopté par un petit groupe d’organisations et d’activistes qui se sont rencontrés en 1979 à la fin d’une réunion OMS / UNICEF sur la nutrition infantile . La rencontre avait lancé la recommandation d’un Code international pour réglementer la commercialisation des laits infantiles et autres substituts du lait maternel. Le groupe fondateur était constitué par les représentants de six ONG. Dix ans plus tard, il avait des groupes affiliés dans plus de 70 pays, et depuis ce nombre a plus que doublé.

IBFAN est le premier réseau international à vocation spécifique de ce type - suivi peu après dans cette voie par " Health Action International ", " Pesticide Action Network " et bien d’autres. Institutionnellement, il se distingue par le fait qu’il a maintenu une structure horizontale et non hiérarchique malgré une croissance importante et rapide. Il n’a pas de siège central ni de directeur général.

L’allaitement au sein est la ressource alimentaire la plus complète et la plus universellement disponible. Cependant, depuis une quarantaine d’années, il a fait l’objet d’attaques plus ou moins subtiles ou franches menées par des intérêts commerciaux. Pendant des décennies, les professionnels de santé et les parents ont été les cibles de cette commercialisation.

L’ UNICEF estime que, chaque année,1.5 million d’enfants meurent parce qu’ils n’ont pas été allaités et qu’à l’heure actuelle, moins de la moitié des mères dans le Tiers Monde allaitent leurs bébés.

IBFAN a rassemblé les organisations non-gouvernementales qui se préoccupaient de nutrition et de santé infantile et a réuni ces organisations autour d’un but commun : augmenter les taux d’allaitement, réduire la dépendance par rapport aux laits artificiels et aux produits industriels et protéger la liberté de choix des familles fondée sur une information et un soutien, complets et impartiaux .

La clé de cette campagne a été la réglementation de la commercialisation des aliments infantiles avec le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel, qui a été adopté par l’Assemblée mondiale de la santé en 1981.

Face à l’énorme pouvoir des compagnies multinationales qui dominent le marché mondial de l’alimentation infantile, IBFAN a continué à trouver des moyens pour mobiliser efficacement les gens à engager les gouvernements à agir, pour entreprendre des enquêtes de citoyens sur l’application des recommandations de l’Assemblée Mondiale de la Santé, et pour stimuler une action indépendante et efficace au niveau de la base.

IBFAN a inauguré l’art de rendre plus responsables les entreprises commerciales transnationales à travers des enquêtes largement étendues et se renforçant mutuellement, ainsi que par des actions individuelles et par petits groupes.

Enquêter sur l’application du Code International et faire pression sur les gouvernements et l’industrie pour qu’ils l’adoptent dans son intégralité est resté une lutte essentielle et permanente pour le réseau. Vingt-sept gouvernements l’ont déjà traduit dans leur loi nationale, quarante-huit autres l’ont adopté en partie ou ont des projets de loi en préparation. Vingt-et-un ont appliqué le Code International comme mesure volontaire. IBFAN a organisé des sessions de formation pour les personnalités gouvernementales et les conseillers juridiques pour les aider à écrire leur législation nationale. Cette année, il a aussi publié un nouveau manuel de 360 pages sur le Code avec toute l’information nécessaire pour formuler, ou inciter à édicter les lois appropriées.

Sur d’autres questions, IBFAN a fait campagne pendant plusieurs années pour l’ adoption de Directives fortes pour la Communauté Européenne, en lien avec le Code International. Les groupes IBFAN dans les pays de l’Union Européenne ont fait pression pour des lois nationales aussi fortes que possible pour appliquer ces Directives régissant le marché des préparations pour nourrissons et des préparations de suite, qu’il soit interne ou d’exportation vers les pays tiers.

Des recommandations de politique générale pour le réseau sont élaborées par le Conseil de Coordination d’IBFAN, mais c’est ensuite aux membres individuels de trouver des fonds et de mettre en œuvre leurs programmes. Bien qu’ IBFAN soit un réseau dédié à une action précise, il n’est en aucune façon limité, et les groupes IBFAN travaillent sur plusieurs sujets comprenant aussi bien l’allaitement et l’écologie, l’allaitement et l’économie, la santé des femmes, la législation maternelle, les droits et la protection des enfants.

 

Plus de 90 pays ont des groupes IBFAN ou des groupes d’allaitement travaillant activement sur une ou plusieurs de ces questions. Ces groupes sont maintenant organisés en cinq régions géographiques et linguistiques: l’Amérique du Nord, l’ Amérique latine et les Caraïbes, l’ Afrique, l’ Europe, l’Asie et le Pacifique.

Chacune de celles-ci a une équipe de 2 à 4 personnes et dans le cas de l’Afrique et de l’ Amérique latine, ils sont supervisés par des Comités Régionaux de Conseil. En Europe, la coordination est confiée aux ONG nationales par sujets: Stichting Wemos (Pays-Bas) pour les enquêtes sur le Code et le relevé d es violations du Code, Baby Milk Action (Royaume-Uni) pour les campagnes des compagnies et le boycott international de Nestlé, Svenska Amningsinstitutet (Suède) pour la formation des personnels de santé, et Arbeitsgemeinschaft Freier Stillgruppen (Allemagne) pour les groupes de soutien mères à mères.

En Afrique, IBFAN a maintenant un fichier d’adresses de plus de 3000 groupes et individus et le travail dans la région se concentre tout particulièrement sur la formation de formateurs. Pour les africains francophones, " Le Courrier de l'IBFAN " est un journal d’information produit par un groupe du Burkina Faso. Une autre publication, " Breastfeeding Briefs ", couvrant les informations sur l’OMS, d’autres agences des Nations-Unies et les recherches scientifiques récentes, est produit deux fois par an par le Bureau européen de Genève et publié en quatre langues. Il est édité à 10 000 exemplaires.

Le boycott international de Nestlé qui a ouvert la voie au Code OMS/UNICEF Code est la campagne pour laquelle IBFAN est le plus connu.

Ce boycott a été initié en 1977 par une ONG américaine et repris en 1980 par Baby Milk Action en Angleterre et en Allemagne, Suède, Norvège et Finlande peu après.En 1984, Nestlé a annoncé qu’il appliquerait le Code et le boycott a été suspendu. Pendant les trois années suivantes, cependant, les groupes IBFAN de par le monde ont trouvé qu’il y avait encore beaucoup de violations de la part de l’industrie et le boycott Nestlé a été repris dans six pays en 1988/89. Il reste encore puissant.

En 1994, IBFAN et Baby Milk Action ont publié un rapport, " Breaking the Rules ", résumant les violations du Code International sur les derniers 12 mois. Fondé sur des rapports d’enquête dans 62 pays, il citait des milliers de violations et donnait des détails des infractions du Code par plus de 60 compagnies.

En 1994, 27 ONG qui avaient soutenu le boycott de Nestlé mené par IBFAN ont subi une forte pression de la part de Nestlé qui arguait que ses allégations étaient inexactes. Ils formèrent alors le Groupe Interagences de Suivi de l’Allaitement (IGBM), excluant IBFAN, pour examiner les plaintes des deux côtés. Les recherches d’ IGBM, publiées en 1997 dans " Cracking the Code ", justifiaient totalement IBFAN.

En 1998, IBFAN lui-même mettait à jour son rapport " Breaking the Rules " de 1994 avec les resultats du Stade 2 de son projet d’enquête sur le Code International de Commercialisation des Substituts du Lait Maternel. Son nouveau rapport, " Violations et distortions du Code " rapporte les violations persistantes du Code et des résolutions de l’ Assemblée Mondiale pour la Santé par l’industrie d’aliments infantiles et souligne le recours permanent de ces industries aux hôpitaux et aux systèmes de santé pour promouvoir intensivement leurs produits. Les gouvernements tentant d’introduire une législation appliquant le Code sont quelquefois menacés par un retrait des investissements étrangers.

Pendant l’Assemblée Mondiale de la Santé de 1998, le Réseau a aussi publié ses tableaux de l’état d’application du Code par pays et par compagnie, renseignant sur le progrès (ou autre) dans l’application du Code au niveau national. A l’Assemblée, l’OMS a aussi approuvé le travail d’IBFAN et fait circuler un résumé de ses activités.

Les principaux mécènes d’IBFAN sont les gouvernements canadien, suédois et hollandais, l’Aide de l’Eglise de Suède, ICCO-Pays-Bas et les bureaux régionaux de l’UNICEF.

 

Contact :

International Baby Food Action
Network

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P.O. Box 157
1211 Genève 19
SWITZERLAND

Téléphone:
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Fax:+41 22 7984443

E-mail:
philipec@iprolink.ch

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